L’année 2022 a marqué la fin d’une décennie de marché haussier dont la particularité réside dans la débâcle synchronisée des actions et obligations. De nombreuses sources d’inquiétudes ont pesé sur l’ensemble de l’environnement macro-économique mondial, à savoir la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et de manière générale une inflation au plus haut depuis 40 ans, une politique monétaire restrictive de la part des banques centrales, des signes de récession dans les économies, des tensions palpables entre la Chine et les Etats-Unis, et des évènements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents.
Le retour de l’inflation – Hausse des taux
Le retour de l’inflation a forcé les banques centrales à abandonner leurs politiques monétaires ultra accommo-dantes. La Réserve Fédérale a augmenté son taux directeur de -0.25% à 4.50% et la Banque Centrale Euro-péenne a fait passer son taux de dépôt de -0.50% à 2%. Parmi les grandes banques centrales, seule la Banque du Japon n’a pas suivi le mouvement.
La réactivité de la Réserve Fédérale commence à porter ses fruits. L’inflation américaine est passée de 9.1% en juin à 7.1% en novembre. En Europe, L’inflation reste toutefois largement au-dessus de l’objectif de 2% par an.
Les bourses mondiales ont enregistré leur plus forte baisse annuelle depuis 2008. L’indice Actions Mondiales a perdu 16% en devises locales et 13% en euro. En Europe, les moyennes et petites capitalisations ont souffert bien plus que les très grandes sociétés.
L’indice des pays émergents a cédé environ 15%, aussi bien en monnaies locales qu’en euro. L’indice Actions Chine a sous-performé avec une perte proche de 21%. Les actions chinoises ont souffert à la fois de la crise immobilière et des mesures de confinement extrêmement strictes prises contre le Covid. Cette tendance s’est toutefois inversée à partir du mois de novembre. Les actions coréennes et taiwanaises ont également mal performé, tandis que le Brésil et l’Inde ont largement surperformé.
Les actions de croissance traitant à des multiples de valorisation élevés ont été plus fortement impactées pas la hausse des taux d’intérêt. L’indice Nasdaq 100 a perdu un tiers de sa valeur. Le S&P 500 a perdu 18.5% (en USD) tandis que le Stoxx Europe 600, qui contient moins de valeur de croissance, a résisté un peu mieux (-10.6%). L’indice Actions Mondiales Growth a perdu presque 25% sur l’année, alors que l'indice Actions Mondiales Value n’a quasiment pas baissé.
L’inflation et la hausse des taux à court terme ont poussé les investisseurs à exiger plus de rendement des obligations, avec comme corollaire une baisse des cours. L’indice Bloomberg Global Aggregate Hedged EUR, qui représente l’univers mondial des obligations de bonne qualité (« investment grade ») a perdu 13.3%. Au niveau des obligations souveraines, les obligations de la zone euro ont connu une année catastrophique avec une chute de 18.2% pour l’indice Bloomberg Euro Aggregate Government. Les obligations d’entreprises notées « investment grade » ont perdu 13.6% et les obligations « high yield » ont un peu mieux résisté (-10.6%). Contrairement à la crise du crédit de 2008, la mauvaise performance de 2022 était principalement liée à la duration : les obligations de maturité plus longue, typiquement émises par les gouvernements plutôt que par les entreprises, ont sous-performé.
La réaction plus rapide et plus forte de la Réserve Fédérale a profité au dollar, qui s’est apprécié face aux autres grandes monnaies. L’euro a ainsi perdu 5.8% face au dollar. La hausse du dollar a toutefois pris fin durant le quatrième trimestre. L’euro s’est aussi affaibli face au franc suisse (-4.6%) mais s’est apprécié contre le yen, la livre, le yuan et la couronne norvégienne.
Le contexte géopolitique très tendu (guerre en Ukraine, rivalité entre la Chine et les Etats-Unis) n’a pas profité au cours de l’or, qui termine l’année sur une performance proche de zéro en dollar.
Le prix du baril de pétrole (WTI) a fortement augmenté durant le premier semestre, dépassant par deux fois 120 USD, avant de décliner et de terminer l’année à 80 USD, soit une hausse annuelle de 4 USD.